Le Provence Express assemble les patrimoines communaux au sein d’un récit métropolitain partagé.
Au milieu de la continuité urbaine de 20 km qui forme une grande ville sans nom entre Avignon et Carpentras, il y a une enclave de verdure, entre Entraigues et Monteux : c'est Althen-des-Paluds. Légèrement à l'écart de la voie rapide, avec ses 80 000 véhicules jour, et du TER, à quelque minutes à peine du péage Avignon-Nord de l'autoroute A7 et de l'immense centre commercial d'Avignon Nord, se cache derrière ses haies de cyprès un terroir agricole emblématique du “Pays des Sorgues”.
« Entre les branches nues des arbres on voyait au loin, à l’opposé du Ventoux, une campagne indéfinie qui s’en allait vers Avignon. C’était le pays des Sorgues. Elles dessinent sur la plaine, de la Fontaine de Vaucluse au Rhône, un immense arbre d’eau. Les églises et les haies de cyprès émergeaient au matin d’un long fleuve de vapeur bleue (…) le mystérieux pays paraissait s’étirer au soleil, il entrait en nous de tous ses noms (…) de Beaumes à Saint Gens, de Saint Albergaty à La Roque-sur-Pernes, du haut de notre clocher, nous l’apprenions dans notre cœur.
Pierre Seghers, Richaud du Comtat, pour « Les Amis du Chien de Pique », 30 août 1944
Quasi insulaire entre ses Sorgues, Althen est le cœur verdoyant de la grande continuité urbaine Avignon-Carpentras – et l'une des rares communes à ne pas être desservie par la nouvelle ligne TER, dont l'ancienne gare, située au Nord de la commune, est trop loin du village.
Ce village rural est pourtant une ville nouvelle… du 19e siècle, comme en témoigne son plan en damier de ville coloniale. L'explosion démographique de ce territoire de hameaux, au début du 19e siècle, dû à l’essor de la culture de la garance, plante tinctoriale rouge recherchée, entraîna en 1845 sa séparation de la commune de Monteux : une nouvelle commune est née, baptisée “Althen-des-Paluds” en hommage au réfugié arménien qui amena la garance en Europe.
Les grandes dates de l’histoire d’Atlhen, dont témoigne la forme de ce centre-ville en damier au milieu de son écrin agricole irrigué de canaux, brossent aussi un portrait du territoire comtadin :
1530 Arrivée des Chartreux qui défrichent les terrains les moins inondables au lieu dit « le Jas »
1770 Garance aux Paluds
1845 Autonomie communale (séparation de Monteux)
1860 Apogée de la population au 19e (1350 hab)
1865 Livraison de la nouvelle grande église
1868 Invention de la teinture chimique et effondrement de la garance
1920 Plus bas niveau démographique (900 hab)
1939 Glaïeul et bulbiculture
1980 Retour à la population de 1869 (1350 hab)
Une précieuse limite entre front urbain et espace agricole. Dessin de Thu Hà Tran dans le cadre du workshop Volubilis 2016 “Provence Express”.
Le village dans les années 1950.
Empreinte de la fleur de garance de la statue de Jean Althen, par Maria Alecu, dans le cadre du workshop Volubilis 2016 “Provence Express”.
Portrait de Jean Althen, l'introducteur de la garance en Europe, “né en Perse, mort à Caumont en 1774”.
L'histoire mouvementée de la production agricole depuis 1845, in Mémoire de M. Auffant, 1970.
Un territoire communal défriché, drainé, irrigué par les Sorgues, in Mémoire de M. Auffant, 1970.
Pont du 15e siècle au hameau de Saint-Albergaty, plus ancienne zone habitée du territoire d'Althen, dans la partie Nord de la commune, aujourd'hui séparée du village au Sud par la voie rapide et la ligne TER.